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Pôle Emploi : le marché du siècle était-il faussé?

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08072010

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Pôle Emploi : le marché du siècle était-il faussé? Empty Pôle Emploi : le marché du siècle était-il faussé?




mediapart.fr

La gestion de la situation de 320.000 chômeurs a-t-elle été sous-traitée au privé dans des conditions de concurrence douteuse? Il est permis de se poser la question.

En juillet 2009, Pôle Emploi publiait les résultats du plus gros appel d'offres d'accompagnement privé des chômeurs jamais lancé. Un contrat énorme: 66 lots (suivi des chômeurs de longue durée ou accompagnement des licenciés économiques), 466 millions d'euros sur deux ans, d'après Les Echos.

Il apparaît aujourd'hui que tous les sous-traitants n'ont pas été logés à même enseigne. A cause d'un très grand flou sur la TVA applicable, plusieurs prestataires de Pôle Emploi, dont au moins une grande entreprise d'intérim, Randstad, ne l'ont pas facturée à Pôle emploi. Des sommes considérables sont en jeu: le montant total de la TVA à 19,6% sur ce marché dépasse les 90 millions d'euros!

Jusqu'ici, cette affaire n'avait pas dépassé le microcosme très feutré des organismes de placement. Un tout petit monde où il est assez mal vu de critiquer Pôle Emploi, avec qui mieux vaut ne pas se fâcher pour se voir confier des marchés. Interrogés par Mediapart, des sous-traitants de Pôle Emploi dénoncent pourtant ouvertement une «distorsion de concurrence».

Christian Charpy, directeur général de Pôle Emploi, admet le problème et déplore «un certain foutoir».

«Certains opérateurs, dit-il, ont cru bon de jouer au plus fin, sur le dos de marchés du service public de l'emploi. Que certains essaient de faire des profits supplémentaires sur des chômeurs en grande difficulté pose un vrai problème. Ils ont été rattrapés par la patrouille.» Le patron de Pôle Emploi promet une «régularisation» rapide, «dans les semaines qui viennent».

Christian Charpy va être grandement aidé par le ministère de l'économie, qui s'est enfin décidé à clarifier le contexte fiscal. La direction de la législation fiscale (DLF), grande prêtresse en matière de droit fiscal, publie opportunément ce mercredi un texte (un “rescrit” fiscal collectif) expliquant une fois pour toutes que le contrat de 2009 est soumis à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). La fin d'une année de tergiversations à Bercy, qui a sans doute coûté des millions d'euros au contribuable...

A Bercy, un an de tergiversations...

Ce marché, inédit par son ampleur, se devait pourtant d'être exemplaire: la sous-traitance des chômeurs au privé est un dossier très sensible, surveillé par les syndicats, guetté par l'opinion publique.

Bref retour en arrière. Au plus fort de la crise, en mars 2009, le secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez annonce que 320.000 chômeurs sur deux ans vont être confiés au privé. Une première: jusqu'alors, la sous-traitance, expérimentale, n'a concerné que 45.000 chômeurs. Le contexte est propice. Le nouvel organisme né de la fusion chaotique entre l'Anpe et les Assedic voulue par Nicolas Sarkozy est débordé par l'afflux de nouveaux demandeurs d'emploi. Sans attendre les résultats de l'évaluation de l'efficacité des cabinets privés (qui leur sera finalement défavorable...), le gouvernement externalise.

Fin juillet 2009, les vainqueurs sont connus. Les géants du travail temporaire (Adecco, Manpower, Randstad...) raflent un tiers du marché. Certains ont affiché des prix imbattables. Randstad a proposé 1.580 euros par chômeur de longue durée, 2.400 pour un licencié économique. «La conjoncture économique et les fortes tensions qui règnent sur le marché de l'emploi ont amené le commanditaire à privilégier un accompagnement à moindre coût», ironise Erik Pillet, alors patron d'Ingeus, sur Miroir social. En coulisses, de nombreux professionnels du secteur estiment qu'en retenant les offres les plus basses, l'Etat a privilégié une course au low-cost.

Ils n'avaient pas forcément tort. Si certains ont affiché des prix aussi bas, ce n'est pas seulement grâce à une admirable gestion de leurs coûts. C'est aussi parce que plusieurs d'entre eux n'ont pas mentionné la TVA dans les factures adressées à Pôle Emploi: leurs prix TTC étaient donc des prix hors taxe. Un atout crucial, dans une compétition où les prix affichés étaient décisifs (ils entraient pour 40% dans l'évaluation de l'offre).

Pôle Emploi parle d'«une dizaine» de milliers de factures qui lui ont été présentées ne comportant pas de TVA. Sans plus de précision. Cela semble sous-estimé: même si ce contrat de sous-traitance a pris beaucoup de retard (les premières factures n'ont été adressées à Pôle Emploi qu'en novembre), chaque prestataire produit jusqu'à trois factures s'il réussit sa mission (il touche 50% du prix quand il prend en charge le chômeur, 25% s'il obtient un contrat, 25% s'il a un emploi au bout de 6 mois). Et Randstad, qui dit avoir transmis «9.000 à 10.000» factures sans TVA à différentes directions régionales de Pôle Emploi, n'est pas le seul concerné (voir p.3)...

Comment est-il possible que, pour un contrat aussi important et sensible, certains prestataires aient fait apparaître la TVA et pas d'autres? Pour comprendre, il faut se plonger dans le cahier des charges des marchés “Trajectoire emploi” et “Accompagnement des licenciés économiques”, publiés en mars 2009, que nous nous sommes procuré.

Ils stipulaient, noir sur blanc, que le marché ne donnait pas lieu à l'exonération de TVA dont bénéficient les organismes de formation professionnelle, comme c'est le cas d'habitude avec les marchés de Pôle emploi. «L'appel d'offres était très explicite, soutient Christian Charpy, patron de Pôle emploi. Il était clair pour tout le monde que nous étions dans une activité de placement , soumise à TVA, avec des parts variables liées au succès, et pas de formation». Le cabinet du ministre est sur la même ligne.

Ce qui semble aujourd'hui très clair pour la direction de Pôle emploi ne l'était en fait pas tant que ça. L'appel d'offres excluait certes toute exonération de TVA, mais il n'indiquait pas explicitement que les candidats devaient présenter des prix TTC. Flairant l'aubaine, certains comme le numéro deux mondial de l'intérim Randstad, ont donc sciemment "omis" de facturer la TVA pour arrondir leurs marges. «C'est un risque que nous avons pris, après avis de nos avocats», reconnaît Patrick Montbrun, directeur général de Valorisation accompagnement reclassement (VAR), la filiale de Randstad qui s'occupe des chômeurs de Pôle emploi. Par un heureux hasard, VAR est justement agréé organisme de formation... et donc, à ce titre, exonéré de la taxe! Un jeu d'enfant...


C. Charpy : «Ce fut une surprise»

Marie-Christine Soroko, déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle, indique, sans plus de précision, qu'«une partie» des organismes de formation, dont cette myriade de petits cabinets régionaux qui n'ont gagné qu'un seul lot de l'appel d'offres, n'ont pas facturé la taxe. Anne-Françoise Rachadi, responsable de CIFOR, un cabinet nantais, est dans ce cas. Ayant l'habitude de travailler avec Pôle Emploi, elle s'est étonnée de se voir cette fois imposer la TVA. «Ce n'est pas à l'acheteur public d'imposer le régime fiscal!», dit-elle. Elle a donc choisi de ne pas la faire apparaître. En mars 2010, la direction régionale des impôts lui donnait raison.

Quoi qu'en dise Christian Charpy et les services de Laurent Wauquiez, l'appel d'offres était ambigu. Il stipulait en effet que seuls «les services fiscaux» pouvaient «fournir de plus amples renseignements» aux prestataires. Le cabinet de Laurent Wauquiez précise d'ailleurs que quatre sociétés (dont les noms ne sont pas cités) ont obtenu de la Direction de la législation fiscale, l'été dernier, l'autorisation écrite de ne pas facturer de TVA – un “rescrit” individuel comme on dit en jargon fiscal.

On résume: voilà donc une administration de Bercy qui autorise des sous-traitants de Pôle Emploi, lui-même sous tutelle du même ministère de l'économie, à ne pas facturer de TVA... alors que l'appel d'offres de Pôle Emploi stipule exactement le contraire. A n'y plus rien comprendre!

Christian Charpy, qui se pose en victime, renvoie la faute sur Bercy. La direction générale de la formation professionnelle et de l'emploi (DGEFP), dépendante elle aussi du ministère de l'économie, aurait transmis à la DLF «des informations erronées». Une incompréhension entre deux administrations serait donc seule à l'origine de ce gigantesque imbroglio.

Le cabinet de Laurent Wauquiez est, lui, beaucoup moins disert sur cette guerre entre administrations. Il souligne en revanche, de façon appuyée, qu'un groupe de travail, réunissant Pôle Emploi et les deux directions de Bercy concernées, a permis de résoudre ce casse-tête fiscal, et que tout le monde s'est désormais mis d'accord pour facturer la TVA. Circulez, il n'y aurait donc plus rien à voir. C'est oublier un peu vite que, pendant un an, l'incertitude juridique et fiscale a été totale. Stupéfiant pour un si grand marché...

L'affaire va-t-elle vraiment en rester là? Des prestataires qui, comme l'exigeait Pôle Emploi, ont facturé la TVA, pointent aujourd'hui une «distorsion de concurrence». C'est le cas de Manpower, ou bien du groupe Alpha, dont la filiale Sodie Emploi a pourtant obtenu un quart du marché: «Nous avons dû adapter nos prix pour rester compétitifs», raconte son PDG Pierre Ferracci. Il estime l'avantage compétitif de ceux qui n'ont pas facturé la TVA entre «14 à 15%» (car une partie de la TVA facturée est récupérable). Randstad admet à demi-mot que ne pas être assujetti à la taxe a peut-être changé la physionomie du marché: «Sans l'exonération, nous aurions dû modifier notre structure de coûts pour obtenir un prix de 1.580 euros», consent Patrick Montbrun. Il admet que l'exonération lui fait gagner 4 millions d'euros au bas mot sur l'ensemble du contrat...

Pourtant, personne n'ose publiquement remettre en cause le marché passé en 2009. Pour Christian Charpy, le DG de Pôle Emploi, les conditions du marché étant «extrêmement claires», il n'y a pas lieu de le contester. «Espérons qu'à l'avenir, les règles seront plus claires», nuance tout de même prudemment Bernard Nebout, patron de la filiale spécialisée de Manpower.

On ne peut pourtant exclure que des candidats à l'appel d'offres de 2009, ou bien des cabinets qui n'ont même pas soumis d'offres tant les prix étaient serrés, s'estiment lésés et attaquent en justice. L'affaire est d'autant plus d'actualité que Pôle Emploi va rendre public dans quelques jours le résultat d'un appel d'offres de 40 millions d'euros concernant les cadres, qui pourrait à son tour être contesté....

La direction générale de Pôle Emploi explique avoir découvert le pot aux roses fort tard. Christian Charpy dit n'avoir été mis au courant qu'en mars 2010, alors même que les sous-traitants ont commencé à envoyer des factures dès novembre. «Ce fut une surprise», affirme-t-il.

«Surprise»? Difficile à croire, à moins que Christian Charpy ne maîtrise rien de ce qui se passe chez Pôle Emploi. Depuis la fin de l'année dernière, plusieurs directions régionales ont honoré des factures qui ne mentionnaient pas la TVA. Qu'ils aient respecté ou pas le cahier des charges, tous les prestataires interrogés par nos soins estiment que Pôle Emploi ne pouvait ignorer la situation. De toute évidence, le ministère et Pôle Emploi ont voulu aller tellement vite en 2009 qu'ils n'ont pas pris le temps de sécuriser l'environnement fiscal de ce méga-marché. Un an plus tard, ces négligences leur reviennent en boomerang.
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Régis

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Date d'inscription : 13/04/2009

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Pôle Emploi : le marché du siècle était-il faussé? :: Commentaires

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Message Jeu 8 Juil - 18:11  Régis

mediapart.fr

Le 21 juillet fut une journée décisive pour les cabinets privés spécialistes du reclassement et du traitement des chômeurs, les Altedia, BPI, Adecco et autres Ingeus : direction et syndicats de Pôle emploi se sont en effet réunis pour attribuer un immense marché. D'ici 2011, 320.000 chômeurs vont être confiés au privé. En deux lots : 150.000 victimes de licenciements économiques, titulaires d'une convention de reclassement personnalisé (CRP) ou d'un contrat de transition professionelle (CTP) ; et 170.000 chômeurs menacés de chômage de longue durée.


Le 27 juillet, Laurent Wauquiez, secrétaire d'état à l'Emploi, a même annoncé que jusqu'à 250.000 chômeurs par an pourraient être transférés au privé.

L'intervention d'opérateurs extérieurs dans le placement des chômeurs n'est pas nouvelle — elle a été lancée en 2005 – mais n'a pour l'instant concerné que 46.000 chômeurs. Avec la crise, le gouvernement passe donc la surmultipliée. Problème : il n'existe toujours pas de bilan fiable de l'action de ces "opérateurs privés de placement" (OPP). Curieux de confier encore plus de missions à des acteurs dont le (trés cher) travail n'est pas encore vraiment évalué... malgré trois ans de polémiques et d'études contestées et contestables.



Privé : 1 — Public : 0.


Fin 2006, alors qu'elle s'apprête à lancer un nouvel appel d'offres, l'assurance-chômage (Unedic) fait circuler une note interne très favorable aux cabinets privés. Le recours aux opérateurs extérieurs est alors très recent : il a été lancé en 2005 avec la loi de cohésion sociale, quand Jean-Louis Borloo était ministre. Selon l'Unedic, il n'y a pas photo : les opérateurs privés seraient trois fois plus efficaces que l'ANPE. L'assurance-chômage accuse : six mois après leur prise en charge par l'ANPE, seuls 13 % des demandeurs d'emploi suivis disposeraient d'un travail tandis que les opérateurs privés afficheraient un taux de réussite de 41%.



L'Unedic et l'Anpe n'ont, à cette époque, pas encore fusionné, la guerre des services bat son plein : l'ANPE dégaine derechef une étude. Qui démontre que le taux de reclassement de l'Unedic et celui de ses programmes intensifs destinés aux chômeurs les plus éloignés de l'emploi (900.000 chômeurs par an) est en fait strictement le même (42%)... mais que l'ANPE est moins cher : 750 euros par chômeur... contre 2300 pour les opérateurs privés! Perfide, l'Anpe ajoute qu'elle s'occupe de publics moins diplômés et que l'Unedic a opportunément oublié d'enlever de ses tablettes les chômeurs qui ont lâché le suivi personnalisé en cours de route...



Résultats :

> pour calmer cette guerre fratricide, la piste d'une évaluation indépendante est lancée.

> On pense alors qu'elle va permettre de clarifier le débat.



Match nul...


Piquée au vif, l'ANPE annonce le lancement d'un programme expérimental, «Cap vers l'entreprise». Son but : un suivi "de luxe" pour 40.000 chômeurs, lancé dans cinq régions (Ile-de-France, Nord Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, Midi-Pyréenes, Aquitaine). L'ANPE ayant lancé ce service "premium", il devient donc possible de comparer ses performances avec celles du programme renforcé de l'Unedic lancé en janvier 2007, qui concerne 41.000 demandeurs d'emploi de longue durée dans 10 régions et implique 17 cabinets privés.



Des chercheurs de l'Ecole d'Economie de Paris et du Crest sont chargés de mettre en place un «protocole expérimental innovant» pour évaluer les performances de l'un et de l'autre. Pour apaiser ce petit monde, un comité de pilotage est crée, avec des représentants de l'ANPE, de l'Unedic et de la Dares, le service statistique du ministère du travail.


En juin 2008, les premiers résultats de l'évaluation mettent le feu aux poudres. «L'effet de l'accompagnement des OPP sur les sorties de liste de l'ANPE vers l'emploi à l'horizon de 9 mois est positif en moyenne mais son ampleur est trop faible pour que l'on puisse conclure avec certitude, à ce stade, qu'il est statistiquement significatif», conclue un rapport conjoint de la Dares, de l'ANPE et de l'Unedic. En clair: rien ne dit que la prétendue supériorité des cabinets privés est avérée.



Mieux, dit le rapport, tout semble indiquer que c'est l'ANPE qui obtient systématiquement les meilleurs résultats. [l'étude complète des chercheurs Marc Gurgand, Bruno Crépon et Luc Bégaghel est disponible sous ce lien]



Résultats:

> prudents, les chercheurs refusent de tirer un bilan. Rendez-vous est donné mi-2009.

> Théoriquement, le résultat définitif de l'étude devra alors permettre de savoir s'il faut étendre le recours aux opérateurs privés.



Résultats: beaucoup d'incertitudes!


Début janvier 2009, l'Anpe et l'Unedic fusionnent. Pôle Emploi, structure née du mariage, doit faire face à un afflux historique de chômeurs, conséquence de la crise économique. Le service public de l'emploi entre dans une période de tension historique. Il est débordé. Dès mars, la décision de confier 320.000 chômeurs à des cabinets privés est prise alors même que les chercheurs n'ont pas rendu leur rapport censé évaluer de façon impartiale les performances de l'Anpe ou de l'Unedic.



Le rapport des économistes du Crest et de l'Ecole d'économie de Paris? Il n'est toujours pas rendu public. Selon Marc Gurgand, un des auteurs récemment contacté par Mediapart, il devrait l'être «mi-septembre». Pour l'heure, les auteurs refusent de communiquer leurs résultats, qui ne seraient pas encore affinés.


Mais les chercheurs en ont déjà présenté les conclusions. En juin 2009, ils en ont fait une présentation au Collège de France que Mediapart s'est procurée. Surprise: elle donne l'avantage au programme renforcé de l'ex-ANPE. «L'accompagnement public marche mieux que l'accompagnement privé», affirment tout simplement les auteurs de l'étude. Chiffres à l'appui, ils affirment une nouvelle fois que les performances de l'ANPE sont toujours meilleures que celle des cabinets privés. Et que leurs résultats ont d'autant plus de valeur qu'ils sont absolument fiables et incontestables.


Ce n'est pas l'avis de tout le monde. La méthode d'"expérience aléatoire" utilisée par les trois chercheurs est en l'occurence très contestée. Rarissimes en France, «les évaluations aléatoires sont un peu l'équivalent des essais cliniques pour les politiques sociales: elles essaient de recréer les conditions pour comparer des personnes comparables», expliquait à Mediapart Esther Duflo, professeur au MIT du Massachusetts qui utilise cette méthode en économie du développement, par exemple pour évaluer les programmes des ONG.


Cette méthode était-elle pertinente pour évaluer l'efficacité des politiques d'accompagnement renforcé des chômeurs? Au sein du comité de pilotage de l'évaluation, certains se trouvent très embarassés. «Dans cette affaire, tout le monde a joué aux apprentis sorciers», affirme un très bon connaisseur du dossier. Selon lui, l'évaluation prend en compte des éléments chiffrés et objectifs mais a négligé des facteurs humains essntiels : l'absence de pilotage réel du projet, des antagonismes forts entre ex-ANPE et ex-Assedic qui ont joué sur la qualité de l'information recueillie, la difficile comparaison des deux cohortes suivies, tant les publics se sont révélés différents. Bref, «l'étude n'a aucune signification», selon un proche du dossier. Voilà Pôle emploi bien embarassé pour communiquer à la rentrée, une fois le document rendu public...


Résultats :

> Quatre ans après l'ouverture au privé du placement des chômeurs, l'incertitude est totale sur les qualités comparées des uns et des autres.

> Ce détail, qui n'est pas mince, n'a pas empêché le gouvernement d'ouvrir massivement le marché aux opérateurs privés...

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